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CMV : Effet de mode ou nécessité ?

11 Jul, 2023 | Mélanges de plantes

 
Et bien je vais vous faire une réponse de normand (désolé les normands !) : et bien cela dépend !
 
**Reprenons l’histoire de nos chevaux au départ.
 
Le cheval en milieu naturel est petit, trapu et n’a pas besoin d’un squelette et de ligaments faits pour porter un cavalier. Il se nourrit d’une très grande diversité de végétaux, arbustes et arbres. Les végétaux en milieu naturel ont été assez peu modifiés par l'humain ce qui fait que leur teneur en calories, protéines, minéraux, oligo-éléments reste très intéressante.
Les chevaux en milieu naturel ne fonctionnent pas à leur optimum (c’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont restés petits). Ils font avec ce qu’ils trouvent. Leur espérance de vie, plus courte qu’en vie domestique, fait aussi que les pathologies de vieillesse n’ont pas le temps de se déclarer. Et dans la nature être malade ne pardonne pas !
 
*Nos races modernes ont, quant à elles, grandi, évolué, ont des fortes croissances que ce soit au niveau des os comme au niveau musculaire. Un KWPN en croissance c’est comme un adolescent athlète de haut niveau, il ne peut pas vivre de pates/jambon blanc.
Nos chevaux sont agressés en permanence par des perturbateurs endocriniens, des métaux lourds, des produits divers et variés qui demandent à l’immunité, à la peau, à la respiration de fonctionner très efficacement. Leur microbiote est naturellement altéré par la vie domestique et consomme beaucoup de matière.
Nos chevaux sont domestiqués ce qui veut dire qu’émotionnellement le simple fait d’être en contact non souhaité avec des humains les rend sensibles, stressés. Le corps surréagit à ces sollicitations.
Nos chevaux ont des activités sportives et doivent donc avoir une masse musculaire réactive (besoin d’anti oxydants comme le sélénium et la vitamine E), des ligaments intègres (cuivre, zinc), des pieds solides (cuivre, zinc, acides aminés).

*Et nos végétaux dans tout ça ?
 
Nos prairies ont toutes un passé différent et obtenir un écosystème prairial équilibré est un véritable challenge.
Dans tous les cas nous avons perdu une énorme partie de cette diversité si nécessaire au microbiote de nos équidés.
De plus, les végétaux eux aussi soufrent des changements climatiques. Les stress de température, de manque d’eau ou de nourriture entraînent chez eux aussi des besoins accrus en minéraux et oligo-éléments qui ne peuvent être fournis par nos sols appauvris.
Les analyses de fourrages ou d’herbe verte montrent toutes qu’à minima les besoins en zinc, cuivre et sélénium de chevaux standards ne sont pas couverts à l’herbe et/ou au foin.
 
*Quelques exemples pour la réflexion :
 
• L’écosystème intestinal est composé de 3 acteurs :
- La barrière intestinale
- Le microbiote
- Le système immunitaire associé à l’intestin (GALT) : 70 à 80% des cellules immunitaires se situent autour de l’intestin.
L’altération de l’un aura des conséquences sur l’autre. La restauration de l’un nécessite une optimisation des 2 autres. Ils agissent donc en synergie.
*Par exemple, la ½ vie d’un entérocyte (cellules de l’épithélium intestinal) est de 36h. Tous les 3 jours le cheval refait intégralement le revêtement de son système digestif. Cela nécessite d’autant plus d’énergie et de micronutriments.
*Une mauvaise barrière intestinale va nécessiter de renouveler beaucoup plus les entérocytes. Pour cela il faudra du zinc, qui est un cofacteur essentiel à la multiplication cellulaire, de la glutamine qui sert de carburant aux entérocytes, de la vitamine D et des omégas 3 pour maintenir l’imperméabilité de la muqueuse.
Et c’est le chien qui se mord la queue : si perméabilité intestinale=> mauvaise assimilation des nutriments => besoin accru en micronutriments.
Un exemple concret : le cheval d’endurance
 
La plupart des chevaux d’endurance ont des problèmes de perméabilité intestinale car pendant l’effort le système digestif se trouve dévascularisé. A l’arrêt de l’effort, l’intestin se retrouve revascularisé mais avec un sang enrichi en radicaux libres (déchets issus de l’effort violent). Cela entraine un stress oxydatif et des lésions de la barrière intestinale. Ces chevaux ont donc encore plus besoin d’être accompagnés sur le plan de la couverture des besoins en minéraux, oligo-éléments et vitamines.
 
• Physiologie de la détox, 3 étapes consécutives :
- Limiter l’exposition aux toxiques
- Limiter l’absorption des toxiques : état de la barrière intestinale et du microbiote, état de la peau
- Faciliter l’élimination
 
*Faire des détox sans se préoccuper de l’état de la barrière intestinale et du microbiote ne sert à rien.
 
Un exemple concret : la détoxication hépatique
Le foie va d’abord rendre les toxiques liposolubles. Cette phase de solubilisation fabrique des métabolites intermédiaires encore plus toxiques que la molécule de départ, avec un fort risque de stress oxydant. Il faut donc que ces métabolites soient rapidement conjugués pour pouvoir ensuite être éliminés par les urines ou les crottins.
Le zinc, le sélénium, le cuivre, le manganèse seront essentiels pour leur effet antioxydant.
Les vitamines B (B2, B3, B6 et B12 produites par le microbiote lorsqu’il est sain) interviendront dans la phase de solubilisation des toxiques.
Les acides aminés interviendront dans la phase de conjugaison.
 
*OUI il y a pléthore de CMV sur le marché et il est difficile de faire un tri et de trouver de bons produits adaptés à SON cheval. En humaine la diversité des produits est en lien avec l’avancée des recherches scientifiques. En pratique, en équin, l’offre est un peu plus limitée.
*OUI les CMV sont tous sur une base chimique : des minéraux et les oligos c’est par principe de la chimie. Il est impossible de couvrir les gros besoins en oligos/minéraux du cheval qu’avec des plantes. Cependant, la forme de l’oligo-élément utilisée peut avoir un impact sur son degré d’assimilation. Du Cuivre et du Zinc sous forme de chélates d’acides aminés sera par exemple plus assimilable car apporté au bon endroit dans l’organisme.
Des plantes peuvent aider à optimiser une fonction, mais si l’oligo-élément nécessaire à la fonction n’est pas présent, cela ne servira à rien.
 
*OUI les CMV sont indispensables :
 
- Dès que l’on a une pathologie : Stress, SME, Cushing, PSSM, lyme, piro…
- Dès que le cheval pratique une activité physique
- Dès que le cheval est en croissance
- Dès que la jument est en gestation ou en lactation
- Dès que le cheval est âgé…
 
*NON les CMV ne sont pas indispensables :
 
- Si vos chevaux ont des aliments complémentaires qui apportent déjà ce qu’il faut
- Si vos chevaux ont accès à des domaines vitaux très variés (200 km²)
- Si un ionogramme montre des excès sanguins très importants (et encore le sang n’est pas le reflet de la couverture des besoins), ce qui peut être le cas du sélénium.
 
Alors bien entendu je ne vous donne pas de réponse parfaite à vos questions car le fameux « ça dépend » vient toujours assombrir nos idées quand il s’agit de choisir.
Et choisir c’est renoncer….je vous laisse sur cette dernière phrase à la fois laconique et qui ne vous satisfera pas tout à fait j’en ai conscience !
 
Sabrina Peyrille 2023
 
 

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